Trop longtemps l'histoire de la
Palestine s'est écrite autour de
Jérusalem et dans la mémoire
de l'exil, comme si Gaza n'en
était qu'un théâtre marginal. Or
cette bande de 360 km2 doit être replacée au centre :
non seulement elle a vu grandir nombre d'acteurs
déterminants, mais elle concentre une densité inégalée
de réfugiés, à partir de 1948-1949. Cette enclave
que l'Égypte refusa alors d'annexer devint un pôle
d'affirmation collective, puis la matrice des fedayines. Ce
bout de territoire, qui fut durant des siècles le carrefour
des empires, zone de contact entre le Levant et l'Égypte,
ne doit pas aujourd'hui être réduit à une «prison à ciel
ouvert». La guerre qui l'a ravagé à l'été 2014, après deux
autres guerres en cinq ans, prouve que, sans règlement
de la question de Gaza, il n'est pas plus d'avenir pour la
Palestine que de sécurité pour Israël. Relire l'histoire
de Gaza, c'est dès lors retrouver la voie de la paix entre
les peuples d'Israël et de Palestine, sur la base de la
coexistence de deux États souverains.