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Le goût des Québécois pour la rigolade passe depuis longtemps pour un de leurs traits nationaux. Robert Aird fait ici l’histoire du rire au Québec sous l’angle politique, en dégageant ce que le comique révèle des rapports du peuple avec les pouvoirs de l’État, de l’Église ou des élites. Il illustre son propos par des exemples qui font encore rire aujourd’hui – du moins dans la plupart des cas. Il montre la persistance, dans les fêtes populaires, de la tradition carnavalesque, héritée du Moyen Âge, notamment avec cette étonnante coutume du charivari, par lequel les anciens Canadiens exprimaient leur désapprobation de certains comportements sociaux. Il rend compte de la vigueur de la tradition orale et du conte, d’où dérive l’art des monologuistes, encore bien vivant de nos jours. Il évoque la multitude de journaux satiriques qui ont fleuri au xixe siècle. Il présente ces amuseurs publics, comme Napoléon Aubin, Hector Berthelot ou Jules Fournier, qui ont eu des ennuis avec la justice pour s’être payé la tête des puissants. Il rappelle le souvenir de la Bolduc et de Jean Narrache dans les années de crise, du personnage de Fridolin durant la guerre, des comiques de l’âge d’or des cabarets sous Duplessis et des chansonniers du temps de la Révolution tranquille. Il en arrive enfin à l’époque actuelle, caractérisée par l’industrialisation du rire et la société humoristique. Ce faisant, Robert Aird donne une version populaire, amusante et insolite de l’histoire du Québec.