On croit aller d'histoire en histoire et l'on s'aperçoit qu'elles n'en
forment qu'une seule, sous la plume d'un narrateur en guerre contre le
monde... mais si désarmé que la guerre qu'il mène contre ce monde-là
n'est finalement pour lui qu'une suite tragi-comique de défaites.
Ce monde-là... On dira pour aller vite que c'est le nôtre, mais dans une
dizaine d'années. Paris est toujours là, presque inchangé, les gens,
surtout les intellectuels, y profèrent toujours autant de sottises - et
qu'un chien y lise les auteurs grecs dans le texte ou qu'un lapin y parle
en alexandrins ne change pas vraiment la donne. Seule différence,
toute théorique : notre brave république a confié les rênes de l'État à
un Guide chargé de faire appliquer le Bien avec la dernière rigueur.
Tous les abus intimes sont interdits - drague, drogue, ivresse et excès
divers (de vitesse, de poids...) - et réprimés par un luxe de châtiments
qui montrent au moins que l'humaine espèce n'a rien perdu de sa
célèbre imagination.
Frédéric Klein non plus. Admiré naguère par Jean-Christophe Averty
(qui tira de son premier livre - Maniaque (Arléa, 1990) - un petit film
bien méchant), il poursuit aujourd'hui sa déplorable mais discrète
carrière à l'enseigne de Phébus (Tunnel, 1996 ; Perpoly, 2003).