
Chemins de la Mémoire
Série Histoire des Antilles
L'existence de Janvier Littée (1752-1820) nous renvoie à la fois à
l'histoire de la Martinique et de la France en pleine période esclavagiste.
Celui qui fut à la fois marchand, puis, négociant à Saint-Pierre à la veille
et au début de la Révolution française, était aussi propriétaire d'esclaves
et d'habitation à Sainte-Lucie. Représentatif d'une certaine élite sociale
de couleur, celle qui marchandait, qui possédait des biens mobiliers et
immobiliers et qui s'unissait à des personnes de même phénotype et de
niveau social voisin, il s'en distingua pourtant par son absence des actes
socioculturels de la composante des libres de couleur de Saint-Pierre. Cette
attitude résultait-elle du nom qu'il revendiqua de son mariage en 1780 à sa
mort en 1820 ? Porter celui de son père naturel, blanc créole, négociant
de Saint-Pierre, avait-il forgé sa mentalité et ses valeurs ? Son absence
des premiers troubles révolutionnaires dans la capitale économique de la
Martinique était-elle en fin de compte révélatrice de son parcours atypique
au sein de la société civile ? Celui qui s'exila en Dominique, fin septembre
1792, avant d'être élu par des « patriotes » blancs et libres de couleur,
premier député de couleur de la Martinique à la Convention nationale,
avait-il pris suffisamment conscience des enjeux portés par la Révolution
française et par l'abolition de l'esclavage décrétée par cette assemblée ?
Avait-il ensuite défendu cette abolition durant son passage au Conseil des
Cinq-Cents entre octobre 1795 et mai 1797 ? Notre présent ouvrage tente
de répondre à ces différents questionnements et à bien d'autres aussi.
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