Dans ce troisième volume des mémoires intitulés « Joies et douleurs d’une belle excentrique », Élise nous fait part des événements qui remplirent sa vie entre le moment de sa rupture avec Charles Dullin et celui de sa rencontre avec Marcel Jouhandeau. Outre le défilé trépidant de tout ce que Paris comptait de personnages illustres, il y a une quarantaine d’années, de Nijinski à Max Jacob, les anecdotes les plus savoureuses animent Le Spleen empanaché. C’est ainsi que nous y assistons tour à tour à un dîner pittoresque au mess des officiers en garnison à Saumur pendant la guerre de 1914, à un séjour tumultueux de Caryathis à Tréboul, où son escorte en folie scandalise les Bretons. Mais les épisodes les plus imprévus se situent dans le Midi et en Italie. Là, Marcel Herrand mène le jeu et chaque escale fait rebondir la surprise. Ce qui justifie le titre, Le Spleen empanaché, c’est que, sous les éclats de cette farandole endiablée, court une sorte de gravité latente, qui ne prend tout à fait conscience d’elle-même que le jour où Élise assiste à l’exhumation de son frère, tué au cours de la guerre 14-18. À partir de cette confrontation avec la mort, adieu les plaisirs ! Les aventures de la danseuse ont pris fin. Elle brûle ses masques et ses robes, en quête d’elle-même. L’ouvrage s’achève sur sa rencontre avec Jouhandeau, qu’elle commente ainsi : « Dès ce premier soir, je devinai obscurément que j’avais été jusque-là errante et que je venais d’être clouée, qu’en cet homme qui surgissait devant moi sans faste, j’avais trouvé en même temps mon havre et ma croix ».

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