Kiyoshi Kurosawa est une référence majeure du cinéma d'aujourd'hui
depuis la sortie de Cure (1997), Charisma (1999) et Kaïro (2001). À
partir de cette trilogie mêlant le fantastique et l'intime dans une vision
violente et perturbante de la société japonaise contemporaine, c'est
toute la production du cinéaste que Diane Arnaud met en perspective.
Nourries aux films de genre, les réalisations de Kurosawa prêtent vie
et forme à la disparition des héros nippons, traitant notamment de
l'amnésie d'une jeunesse à la dérive et de la hantise de l'Histoire.
Pareille orientation artistique fait écho à celles de Takeshi Kitano, Wong
Kar-wai, Tsai Ming-liang... Plus encore : les références stylistiques au
cinéma occidental - de Richard Fleischer à Michelangelo Antonioni,
d'Alain Resnais à Lars von Trier - et leurs croisements avec la tradition
asiatique des spectres accentuent l'inquiétante étrangeté d'une oeuvre
sur la brèche. Entre destruction et reconstruction, traumatisme et
remaniement, action critique et désoeuvrement, peur et oubli, le
travail de mémoire, qui s'impose au fil de fantomatiques changements
de plans, décide d'une nouvelle intensité cinématographique, vouée à
l'échappée et au retour de la catastrophe.