En jetant un regard en arrière sur mes lectures et mes démarches à la poursuite du salut, en examinant le goût du merveilleux qui m'a fait admirer parfois des charlatans et courir après des chimères, maintenant que la certitude est en moi, je me dis que même s'il n'y avait pas eu de secret, môme si personne n'avait su, si les Rishis Indous avaient été d'ignorants vieillards des montagnes Himalayennes, si les Druides sous leur barbe de convention ne s'étaient occupés que de cueillir du gui pour en faire des tisanes, si la coupe du Graal avait été vide et vide aussi l'arche aux Théraphim, si tous les prophètes avaient menti, si les magiciens n'avaient été que des illusionnistes et les saints des illusionnés, si Apollonius de Tyane n'avait pas existé, s'il n'y avait pas eu de chevaliers de la Table ronde, pas de Rose croix, pas de frères initiés, je crois qu'il conviendrait tout de même d'honorer les Rishis, les Druides, les Chevaliers de la Table ronde, je crois qu'il faudrait aller méditer à Montségur dans l'Ariège et rechercher Shamballa dans le désert de Gobi ; sculpter ou peindre en toute hâte des Théraphims, des Svastika et des sceaux de Salomon.
Car c'est grâce aux mages, aux frères initiés, aux talismans, aux coupes magiques, aux signes symboliques, aux anges ailés, aux enchanteurs barbus, que naît cette ardeur, de nature magique, qui vous fait parvenir un jour dans la région où le ciel n'a plus d'étoiles parce qu'on fait partie de sa lumière et où l'âme est enfin paisible, parce qu'elle a trouvé le salut.