Rompre avec les stéréotypes hérités du passé, briser les approches
folkloriques, en finir avec l'académisme et les normes esthétiques
passéistes : tel a été le projet des artistes espagnols relevant de la
Génération de 98. Représenter, avec authenticité, l'Espagne de la fin du
XIXe et du début du XXe siècles et ressourcer la création : là se situait
l'entreprise de refonte menée par écrivains et/ou peintres, qui leur
succédèrent et voulurent ouvrir leur pays aux influences européennes et le
sortir de sa torpeur. Procédant d'une analyse magistrale attachée aux
figures artistiques mésestimées par l'histoire de l'art et de la littérature
(Regoyos et Solana constituant les principaux guides de la recherche),
l'ouvrage de Denis Vigneron analyse la genèse, la constitution et la
singularité d'un mouvement artistique et esthétique, où resurgit, à la fois
omniprésent et discret, le concept d'España negra.
A l'origine thèse sur les réformateurs de l'art espagnol (peintres, écrivains
et critiques), l'essai monumental de Denis Vigneron fait le choix d'une
approche pluridisciplinaire pour souligner, à la fois, la cohérence et la
multiplicité des moyens mis en oeuvre pour insuffler une nouvelle vie à la
culture espagnole. Destiné à devenir une oeuvre critique de référence, il se
déploie sur plus de trois décennies, dévoilant les parcours, fortunes et legs,
de ceux qui désenclavèrent l'art espagnol et l'introduisirent, de manière
originale, à la modernité. Un trésor d'érudition.