L’orgueil des uns et l’esprit routinier des autres maintiennent la pérennité de paroles illustres, prononcées par des hommes illustres, qui n’ont somme toute été que le reflet d’une époque — paroles aujourd’hui dépassées. Et que font donc les gens de ce siècle contre la misère et contre la guerre, contre toutes les misères ? Les gens du siècle font entendre des protestations massives contre la destruction massive, les protestations de la peur, des protestations massives et sans grandeur. Le monde n’est donc pas capable d’une union unanime, qui condamne tout d’abord, en premier lieu, à haute voix, impérativement, la simple guerre, le meurtre premier, l’assassinat d’un homme par un homme ? Le monde, qui se croit arrivé à un sommet de la science, a-t-il donc renoncé à un sommet des valeurs morales ; renie-t-il donc la possibilité d’un idéal d’amour ? Un tel renoncement, une telle absence de foi dans la vertu de l’homme, c’est la souillure la plus noire dans la décadence du siècle. Pourtant, il y a peut-être encore des raisons d’espérer. André Cocheret interrompt de temps à autre les différents aspects d’un sévère réquisitoire, pour évoquer les hommes qu’il a vus aux prises avec des événements dramatiques, avec la misère, avec la souffrance, avec la mort — parfois aussi ceux qu’il a vus aux prises avec le remords. Est-il encore possible, en ne perdant plus de temps, d’allumer, très au-delà des partis, l’indispensable clarté d’une foi unanime dans un idéal de lutte ? — contre le meurtre.

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