En 1828, les Vendéens font un triomphe à Marie-Caroline, le seul sourire,
a-t-on écrit, que leur aient jamais adressé les Bourbons. La jeune duchesse de
Berry pressentait-elle la Révolution de 1830, qui allait remettre son beau-père
Charles X sur le chemin de l'exil ? «En cas de nouveaux orages, s'enflamme-t-elle,
c'est ici que je viendrai pour reconquérir le trône de mon fils.»
Quatre ans plus tard Marie-Caroline, devenue régente de France, est de
retour et appelle la Vendée à se soulever contre Louis-Philippe, l'oncle usurpateur.
S'ensuit une incroyable équipée. L'errance d'abord de cache en cache,
déguisée en jeune paysan. Puis la levée d'armes, qui ne mobilise que le dernier
carré des fidèles. Ensuite l'arrestation, derrière le contrecoeur d'une cheminée nantaise.
Enfin la détention à Blaye et l'accouchement, par où ce drame romantique
prend des allures de comédie bourgeoise. «Faites pendre Walter Scott, car c'est lui
le vrai coupable», aurait lancé un capitaine, si l'on en croit Chateaubriand...
Toute cette histoire n'est-elle que le rêve éveillé d'une princesse trop
romanesque ? Avec infiniment de délicatesse et de profondeur, Thérèse
Rouchette s'attache à la reconstituer sans omettre aucun des acteurs du
«baroud d'honneur» de la Vendée. Du coup, cette invraisemblable aventure
reprend son épaisseur humaine et révèle ses ressorts intimes.