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Cinquante ans après l'Armistice, se pose toujours la question du « pourquoi la fulgurante défaite de 1940 ? ». Il fallait, pour y répondre, qu'une analyse en profondeur fût enfin confiée à un historien compétent en stratégie. Nourri d'informations inédites, empruntées aux archives allemandes et françaises, aux journaux de marche, aux rapports sur les opérations, aux instructions personnelles et secrètes, aux fonds particuliers, cet ouvrage est la première synthèse sur l'état véritable des armées et des hauts commandements, en septembre 1939, et les tactiques des belligérants durant la guerre éclair de mai-juin 1940. Dans les années trente, dans un climat de crise économique et de pacifisme, les politiciens acceptent de payer pour couler du béton, mais refusent de construire chars et avions. En 1934, le ministre de la Guerre lui-même, le Général Maurin, ne croit-il pas inutile de moderniser les trois Armes qui porteront la responsabilité de la défaite. Pourquoi les blindés, qui bénéficiaient de recherches avancées dès 1917, sont-ils restés dépendants de l'infanterie et de ses conceptions tactiques désuètes ? Le dossier est accablant. Pourquoi les transmissions - sous tutelle du Génie - n'ont-elles bénéficié d'aucune recherche sérieuse (en 1940, on en est réduit à agiter des fanions au-dessus de la tourelle des chars d'accompagnement) ? Les responsabilités éclatent. Quel a été le poids de la loi des 40 heures, du manque de crédit, ou des décisions de Pierre Cot sur l'état de l'aviation ? Et que dire du haut commandement, où l'indécision le dispute au conservatisme. En septembre 1939, des divergences à l'État-Major font qu'aucune division cuirassée n'est encore constituée (la première, le sera en janvier 1940). Et des généraux vont jusqu'à exiger le maintien de ballons captifs, comme en 14/18 ! Le contraste des stratégies devient flagrant dès le début des combats. La « manœuvre Dyle », en Belgique, est audacieuse, mais les conditions de sa réussite ne sont pas réalisées. Les Allemands ont prévu de franchir, en masse, les Ardennes, pour entamer leur mouvement d'encerclement. Les Alliés le savent, mais ils les estiment infranchissables, alors qu'un cours de l'École de guerre y avait recensé - dès 1913 - onze itinéraires. Des exercices de cadres, effectués au début de l'année 1940, n'aboutissent pas à concevoir des parades. La désagrégation d'une armée, qui va payer - en quarante-cinq jours - vingt années d'illusions et d'erreurs, est désormais inéluctable.