Le duché de Savoie, issu du Saint-Empire
romain germanique, fut généralement
francophone, mais, distinct de la France jusqu'en 1860, il
posséda une tradition propre, représentée par une littérature
originale et souvent méconnue.
Marqué par la littérature religieuse, il chercha à développer
une imagination demeurant dans les principes de
l'Église, ainsi que le recommandait François de Sales, parlant
à cet égard des bouquets mille fois renouvelés avec
les mêmes fleurs. Certes, aux franges de ce fil obligé, la
poussée de l'histoire influença profondément la littérature
savoyarde, la tirant vers le protestantisme, les Lumières,
la France. Mais elle conserva jusqu'au bout sa tendance
à concilier l'imagination et la tradition, ne voyant entre
les libertés de la première et les servitudes de la seconde
qu'un paradoxe à surmonter.
Ainsi, des origines médiévales et latines au romantisme
de la «Restauration sarde», on voit passer les évocations
mystiques des saints, les chroniques de la dynastie,
la poésie de cour la littérature apologétique de Joseph de
Maistre, puis le retour aux symboles anciens et le chant du
paysage alpin, reflet de l'âme des poètes. Une large place
est laissée au XIXe siècle, si peu connu, mais si rempli
d'images chatoyantes - nourries de mythes, de légendes.
Les poètes bressans et vaudois de l'époque savoyarde de
leurs provinces en occupent une importante également,
tout comme les premiers poètes en langue savoyarde, imprégnés
de folklore et de vie champêtre.
Facile d'accès, aisé à la lecture, cet ouvrage complet résume huit siècles
d'histoire littéraire en faisant apparaître une couleur spécifique, une
nuance singulière, au sein de la littérature francophone.