Ils reviendront jeudi. Avant, ce n'est pas possible, ils travaillent.
Je dois aller jusqu'au bout. Je n'ai pas d'autre choix. C'est ce que
je voulais. Me débarrasser de la maison. La vendre. Je me rappelle
mes mots : «On fera comme tout le monde, trier, jeter et vendre.»
Comme c'est curieux, parfois, les mots, on les prononce avec un tel
accent de vérité que rien ne peut nous en faire douter, puis un jour,
avec un léger haut-le-coeur, on se rappelle les avoir dits, ces mots qui
sont comme des cailloux, des blocs de béton, vendre, casser, détruire,
raser, nettoyer, pas de trace, pas de souvenir, pas de passé. Comment
ai-je pu dire des choses pareilles ?
Avec une écriture douce, posée, qui capte les mouvements de
l'âme, Anne Richet nous fait entendre la voix de Jean, brouillée
par le ressassement du passé et les murmures d'une maison qui
survit à son enfance : la fuite d'un père, le souvenir d'une mère
qui vient de mourir, l'incompréhension du frère. À quoi bon
conserver ces murs, il faut vendre. Seule Sarah donne un peu de
lumière et de fraîcheur à la lente dérive du temps, mais n'est-elle
pas une chimère ?
La maison n'est pas à vendre est le premier roman d'Anne Richet.