«Ce pays n'est ni rêvé ni inventé : c'est le pays des femmes-couresse
qui marchent la tête droite au milieu des rivières
asséchées, même à contre-courant. Elles n'ont renié ni leur
langue ni leur histoire, elles continuent de croire que susurrer
vaut mieux que taire sa bouche.
Je suis la voix de ces femmes-couresse...»
Reine, une adolescente en quête de ses origines, entend la nuit
la voix de son arrière-grand-mère. Celle-ci lui raconte, en créole,
sa vie de femme faite de misère et de labeur jusqu'à la «Grande
Catastrophe», la révolte qui marqua la prise de conscience, dans
une île francophone de la Caraïbe, de la survivance de la condition
d'esclave.
Coupée de ses racines, Reine se laisse gagner par cette présence.
Dans un entrelacs de voix de femmes se tisse un roman
polyphonique à la recherche d'une tonalité, d'une manière de
raconter. Un roman qui fustige l'Histoire officielle - celle des
vainqueurs - et l'aveuglement consenti de la majorité d'un
peuple.