Depuis longtemps considérée comme une origine du paysage,
la montagne est un lieu privilégié de l'apparition d'un rapport esthétique à la nature, à l'espace,
au monde terrestre. Mais qu'est-elle devenue désormais, dans sa réalité effective et à travers les
expériences dont elle est le théâtre, par-delà les images façonnées par l'art, la science, le tourisme de
masse ou la décision politique ? Les modifications géomorphologiques et climatiques, l'histoire et la
géographie des transformations territoriales, mais aussi l'évolution des représentations esthétiques
et culturelles font de la montagne un paysage en perpétuel écart par rapport à une hypothétique
valeur de permanence qui lui serait attachée. Les montagnes sont aussi des espaces étudiés, organisés,
transformés, par et pour la science, les hommes qui y vivent, l'économie. La géographie montagnarde,
physique et humaine, a été profondément changée par les nouveaux usages de loisirs, le développement
des systèmes de transports, la densification des réseaux urbains. Ce numéro témoigne de
l'état d'une réflexion complexe sur un espace singulier qui, autant qu'un "monument" de l'histoire
des sensibilités paysagères, est aussi un territoire d'existence pour des populations pastorales,
agricoles et urbaines.