Après la Seconde Guerre mondiale, la Dordogne, tout comme ses affluents, la Vézère et l'Isle, fut quasiment abandonnée aux mordus de la pêche. Quelques gabares s'envasèrent lentement ici et là. Pour les enfants qui jouaient encore sur les berges, ces épaves étaient les témoins immobiles d'un temps révolu.
Pourtant, en flânant le long de la rivière, on retrouve des sites prestigieux. Et au fil de l'eau, une idée s'impose : on est au cœur d'une épopée fabuleuse, jalonnée d'héroïsme, de rivalités et de prospérité. C'est cette histoire que nous content Annie-Paule et Christian Félix.
La Dordogne a permis à beaucoup de monde de vivre ou de survivre pendant des siècles. Du puy de Sancy au bec d'Ambès, cet axe fluvial favorisa très tôt les échanges commerciaux entre l'Auvergne, le Limousin et l'Aquitaine. De l'amont descendaient le bois et les minerais, de l'aval remontaient du sel et des denrées coloniales... En dépit des difficultés de son parcours (passages étroits, moulins, pêcheries...), de ses caprices (crues, glaces...), une multitude de métiers aujourd'hui disparus (gabariers, meuniers, pêcheurs, lavandières...) se développèrent sur ses rives jusqu'au milieu du XXe siècle.
Loin des clichés nostalgiques, les auteurs nous embarquent dans un récit captivant, richement illustré par de magnifiques photographies du début du siècle et par des vues méconnues de la rivière telle qu'elle est aujourd'hui. Tirant des leçons de l'Histoire, ils nous proposent leurs réflexions sur une rivière qui, tout en se projetant dans l'avenir, doit rester un grand témoin de civilisation.