
Les terres à l'Est et à l'Ouest de la Caspienne sont situées au coeur d'une zone géographique en pleine
mutation, où les gouvernements sont aux prises avec les impératifs géopolitiques des puissances,
elles-mêmes engagées dans des luttes de clientélisme sur fonds d'enjeux politique, économique et militaire.
Ces puissances se sont engagées dans une nouvelle partie du "Grand jeu", pour s'approprier cette
région charnière où l'Europe rejoint l'Asie et qui sépare le Nord du Sud.
Jusqu'au 15ème siècle, le bassin de la Caspienne représentait une voie de passage importante entre l'Occident
et l'Orient. Cette voie de passage est connue sous le nom de Route de la Soie. Puis, l'importance de
cette route, qui reliaient les parties occidentale et orientale de l'immense masse territoriale eurasiatique,
déclina après la découverte des grandes voies maritimes par les Européens. L'intérêt des puissances pour
la Route de la Soie déclinait aussi lorsque au 19ème siècle, la découverte du chemin de fer a bouleversé la
donne géopolitique. Grâce à cette importante innovation technique, la puissance de la Grande-Bretagne
- Empire maritime -, risquait de basculer en faveur de la Russie - Empire terrestre. En effet, celui des deux
Empires qui réussirait à contrôler la zone géographique située autour du bassin de la Caspienne serait dès
lors en mesure d'acheminer à tout instant des troupes et des armes vers le Proche et le Moyen-Orient, le
sous continent indien et l'Extrême orient.
Durant la Deuxième Guerre mondiale, l'Allemagne convoitait le bassin de la Caspienne autant pour sa position
géographique que pour ses richesses pétrolières. La guerre sur le front de l'Est déboucha de ce fait sur
une lutte à mort entre Hitler et Staline pour le contrôle de cette région décidément très convoitée.
Dans les années qui précédèrent l'effondrement de l'URSS, les Etats-Unis, unique puissance maritime occidentale
digne de ce nom, ont voulu, à leur tour, étendre leur influence au coeur du bassin de la Caspienne.
Dans cette perspective, les Etats-Unis ont aidé le milliardaire saoudien Oussama Ben Laden, dans la lutte
que menaient les fondamentalistes religieux musulmans - les moudjahidin - pour étouffer les dernières
chances du peuple afghan d'obtenir une réforme économique et sociale indispensable, ainsi qu'une société
laïque. Leur objectif actuel a peu varié depuis cette époque. Ils visent toujours à déstabiliser suffisamment
la zone pour empêcher l'influence russe de s'exercer naturellement sur cette sphère régionale qui n'a, à
leurs yeux, qu'une importance géostratégique secondaire par rapport au Moyen-Orient. Washington peut
ainsi bloquer durant des années le développement d'une voie de communication terrestre essentielle entre
l'Europe et l'Asie.
L'effervescence autour de l'oléoduc Bakou-Ceyhan, qui ne sera vraisemblablement pas construit avant 2008
au moins, ne vise en réalité qu'un seul but : envelopper le Djavaghk, l'Arménie et l'Artsakh dans un cordon
militaire turc, pour les séparer de la Russie. Et ainsi contraindre l'Arménie à fermer sa frontière avec l'Iran
(position américaine) ou à céder celle-ci à l'Azerbaïdjan (position turque), contre un accès limité à la mer
Noire.
Situé dans une région montagneuse, le Djavaghk, qui s'étend sur un territoire presque exclusivement peuplé
d'Arméniens, regroupe deux départements : Akhalkalak et Ninotsminda. Il partage une frontière commune
avec les provinces arméniennes de Kars et Ardahan sur environ 80 à 90 kilomètres sur son flanc sud-ouest
et avec la République d'Arménie sur environ 45 à 50 kilomètres sur son flanc sud-est.
Le bassin de la Caspienne recèle des enjeux mais aussi des risques considérables pour les Etats de la région
et l'Europe. Ce rapport essaye de donner quelques clés pour mieux comprendre ces enjeux et risques dont
Djavaghk fait partie.
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