- Mon père, dit-il froidement au religieux, faites-moi
le plaisir de me dire à quoi sert ce squelette dans
ce coffre ?
Le bon citoyen Dabaud, parvenu replet de la Révolution,
découvre un beau jour le «Roman anglais», ou roman gothique,
dont la fantaisie ne connaît pas de borne à peupler la
littérature de toutes les horreurs macabres imaginables.
Atteint du «sombre délire», il se plonge avec délice dans les
angoisses que lui procure la lecture des Radcliffades et autres
ténébreux récits où la terreur se love sournoisement derrière
la moindre phrase. Mais ses sueurs froides redoublent encore
lorsqu'il se réveille, au coeur d'une étrange nuit, dans une
crypte obscure, humide et inquiétante...
C'est ainsi qu'il va vivre ses fantasmes les plus fous, assailli
sans relâche par divers ectoplasmes et spectres blafards à la
voix sépulcrale - précieuse occasion de se livrer à la première
analyse de texte in vivo.
La Nuit anglaise, pastiche bouffon jonché d'ossements et de
ruines sinistres, paru en 1799, est un hilarant pot-pourri des
grands classiques du roman gothique.