En 1830, la Grèce obtient son indépendance. L'Empire ottoman aux
multiples nationalités est en crise. Les Turcs moribonds sont chassés
d'Alger. Cette brillante victoire sur le dey ne sauve pas pour autant
le trône de Charles X. Après les Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet),
Louis-Philippe Ier, le roi issu des barricades, hérite de cette conquête
qu'il va poursuivre. Les Français se heurtent désormais à la résistance
d'Abd el-Kader et à celle du bey de Constantine. Le débat colonial est
ouvert par la presse et les députés discutent âprement. Depuis l'Égypte,
Méhémet Ali défie le sultan de Constantinople, Mahmud II, et cherche
à lui ravir le califat. Les deux hommes s'opposent. Ils se font la guerre
en 1832-1833 puis en 1839-1840. La bataille de Nezib le 24 juin 1839
sonne le glas du Vieil Homme malade. Pour Lamartine, «la Turquie
est un turban vide». Pour éteindre le brasier, défendre leurs intérêts,
protéger les routes commerciales, garantir la sécurité des chrétiens et
soucieuses de maintenir l'équilibre européen, les nations interviennent
dans la question d'Orient. Dans ces bras de fer, les puissances ont
recours à l'espionnage, à la diplomatie, à la politique de la canonnière
et à la force militaire terrestre. La Russie exerce une pression de plus
en plus forte sur les détroits du Bosphore et des Dardanelles, ainsi que
sur la Perse et au Caucase. Se sentant menacée aux Indes, l'Angleterre
attaque l'Égypte, rétablit la souveraineté turque au Proche-Orient et
envahit l'Afghanistan. Ces rivalités en Asie centrale sont qualifiées de
«Grand Jeu» ou de «Tournoi des ombres». Quant à la France, elle se
taille la part du lion en Afrique du Nord. Le duc d'Aumale s'empare
de la smala d'Abd el-Kader le 16 mai 1843. Bugeaud bat les Marocains
sur l'oued Isly le 14 août 1844. La colonisation de l'Algérie permet à la
monarchie de Juillet de renouer avec la civilisation romaine. Le lobby
africain devient puissant mais au moment de la révolution de 1848, il
n'y a pas de place outre-mer pour une «chouannerie orléaniste».