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L’esprit souffle où il veut, la passion aussi. Amédée, la cavalière de Camargue, qui a connu l’ivresse de la course, a découvert la passion qu’une chanteuse de revues lui a presque imposée. La guerre les a séparées. Amédée a souffert la douleur de l’absence et a trompé comme elle l’a pu sa faim d’amour. Mais voici Elina Kranz devenue grande cantatrice pendant leurs années de séparation. Sa renommée est telle qu’elle permet à Amédée Deshandrès de se jeter à sa poursuite. Elle la rejoint à Venise où une stupeur la terrifie : Elina Kranz est devenue aveugle. Se souvient-elle même de leur rencontre d’autrefois ? Dans sa vie désordonnée ne la confond-elle pas avec d’autres ? Le doute torture Amédée : Elina se prête à elle ; mais est-ce vraiment à elle ? Et ce qu’elle lui redit de leur passé éveille-t-il en elle un véritable écho ? N’appartiennent-elles pas désormais à deux mondes différents qui n’ont même pas un passé commun ? Amédée tente de retrouver leur union, peut-être impossible, dans ce Paris d’après guerre où Fauré, Ravel, Debussy ont renouvelé l’art du chant. C’est dans ce monde avide de revivre, avec ses salons réouverts, qu’Amédée dévorée de passion, et Elina, déjà prise par d’autres appels (que lui transmet son accompagnatrice, à l’instigation d’un jeune prêtre) - cherchent en vain une impossible entente. Et Amédée vit sa passion avec d’autant plus de violence qu’elle la sent menacée. Pendant ce temps, là-bas, en Camargue, le vieux Parazol, auquel la vieillesse impose ses limites, fait une rencontre inespérée : Fabienne, l’amie de Daniel Deshandrès, lui apporte l’amour absolu qu’il n’a jamais connu et qui éblouit sa vieillesse. Cependant les autres Deshandrès poursuivent leurs vies : le peintre Arnold avec ses aventures parisiennes, Emmanuelle dans la paix de son union avec Busser, Suzanne, demeurée à Fontfrège, auprès de sa mère Jémina et de sa tante Noémi. C’est là, dans cette vieille demeure, qui paraît à l’écart de tout, que Jémina va voir surgir, de la façon la plus troublante, un jeune prêtre qui va en vain tenter de la convertir, qui lui révélera qu’il est l’enfant qu’a abandonné son fils David, et dont l’extraordinaire ressemblance avec Philippe lui donnera l’illusion de revoir ce mari qu’elle a tant aimé. Ainsi se poursuit la grande chronique des Deshandrès où le temps métamorphose les personnages, en leur offrant de nouveaux destins, et où les passions grandissent d’être incomplètement satisfaites, comme s’amplifie le chant du rossignol qu’une coutume barbare a privé de la vue.