En dépit de leur apparente stabilité, les villes ne cessent jamais de
se transformer sous l'effet de multiples causes qui combinent leurs
effets dans des jeux complexes où le hasard et la nécessité agissent
surtout dans le temps long de l'histoire.
Pour faire face à l'ultime vague d'urbanisation de la population française,
l'État a mis en oeuvre trois grandes politiques publiques : l'aménagement
du territoire, l'urbanisme et la politique du logement. Ces politiques
fortement centralisées ont été complétées, à partir de 1982, par
des gestions régionales et locales qui s'ouvrent aux nouveaux enjeux
de la participation et du développement durable. Le rappel de la formation
historique du réseau des villes françaises permet de préciser les
principales formes d'interaction entre la vie économique et sociale des
habitants et les politiques publiques. Le bilan de ces dernières débouche
sur un constat surprenant : parmi les décisions qui ont modifié en
profondeur l'organisation de nos villes, deux ont entraîné des effets
cumulatifs de très grande ampleur mais ni prévus ni organisés. Ce sont
des décisions d'opportunité de la politique du logement : le moratoire
des loyers de la guerre de 1914 et l'ouverture de l'aide personnalisée
au logement à l'accession à la propriété en 1980. Et l'approche prospective
qui conclut l'ouvrage ne peut que constater que ce manque de
coordination entre politique du logement et urbanisme conserve toute
son actualité.