Une ville, c'est une matière sensuelle en mouvement qui se
travaille et se transforme avec les autres : les contradictions,
les enjeux économiques et politiques, les logiques d'acteurs,
les inventions techniques, les conflits, conversations et
trouvailles en tous genres, et aussi les corps physiques qui
entrent en contact, les matériaux, l'air, l'eau, la lumière, les
arbres, le vent... C'est avec cette matière-là que Gérard Pénot
engage un corps à corps, en essayant d'en tirer le meilleur parti.
«Faire avec» pourrait être sa devise qui, loin d'être fataliste,
relève d'une ambition folle, pour faire beaucoup et «riche»,
avec les moyens à disposition - qu'ils soient humains,
techniques ou financiers -, souvent limités.
C'est ainsi que Gérard Pénot et son équipe de l'Atelier Ruelle
ont recomposé le centre de Saint-Nazaire et de nombreux
grands ensembles, comme à Rennes ou à Saint-Dizier.
À Nantes, l'incroyable mutation d'un grand ensemble signe
la performance de son travail. Il s'attaque aussi à d'autres
sujets ardus tel le réaménagement urbain de la gare de
Perrache à Lyon qui dresse aujourd'hui un obstacle entre la ville
et le quartier de la Confluence.
Amoureux des arbres qu'il élève dans son parc de Marcillé près
d'Angers transformé au fil des ans, Gérard Pénot conçoit son
métier comme un processus de fabrication intellectuelle et
collective au bénéfice d'une ville dessinée à hauteur d'homme,
aimable au piéton, avec exigence, l'air de rien, sans ostentation.