Giacomo Lubrano (1619-1693), surtout célèbre à son époque pour ses
qualités de prédicateur, fut aussi l'auteur de nombreux poèmes, dont le
recueil «Étincelles poétiques» (Scintille poetiche o poesie sacre e morali di
Paolo Brinacio Napoletano, Napoli, Parrino/Muzi, 1690) est considéré
comme l'une des expériences les plus extrêmes du baroque littéraire
italien. Aujourd'hui l'oeuvre poétique de Lubrano, tombé dans l'oubli
après sa mort et redécouvert depuis la moitié du XXe siècle seulement, est
avant tout le témoignage d'un poète qui - comme tant d'autres - a subi
les martyres de la voix. Loin de toute métaphore, Lubrano souffrit réellement
d'une paralysie buccale qui l'empêchait surtout de pratiquer la
langue courante plus que celle sortie de sa plume. Cette traduction rend
compte de cette expérience poétique, véritable «exercice» d'une voix qui
se remplit en se vidant, se construit par sa propre déconstruction et
s'anéantit au fur et à mesure qu'elle tente de s'affirmer.