Indexant les deux éditions des Complexes familiaux publiées chez Navarin et au Seuil dans les Autres écrits, Françoise Bétourné met son travail de recherche tant à la disposition des anciens lecteurs de Lacan que des nouveaux.
Pour explorer la question de la famille, en 1938, Lacan, encore psychiatre, s'appuie sur sa propre clinique et, inspiré par le Freud de Totem et tabou, sur une bonne partie du vaste champ des sciences humaines : mythologie, anthropologie, ethnologie, sociologie... Certains auteurs évoqués dans Les complexes familiaux ne reparaîtront plus jamais ou habiteront rarement le discours lacanien. Outre cette originalité, l'index révèle le caractère prémonitoire des Complexes familiaux. Cette étude s'avère le lieu du premier surgissement de nombreux éléments signifiants qui prendront une énorme importance théorico-clinique dans l'œuvre. C'est le cas, par exemple, du triangle œdipien, de la jalousie augustinienne, du «jeu qui consiste à rejeter l'objet» - autrement dit, du Fort Da -, de l'angoisse-signal freudienne et de la magnifique actualisation de l'exigence inconsciente des créations de sens qui émailleront, plus tard, le style de Lacan : la co-naissance claudélienne.
L'imago maternelle, liée au complexe de sevrage, est-elle une antécédence de l'agent de la frustration ou de la Mère symbolique ? L'imago paternelle corrélée au complexe d'Œdipe et à la castration, annonce-t-elle le Père symbolique ou le Nom-du-Père ? Voilà des questions majeures, parmi beaucoup d'autres aussi importantes, auxquelles cet index aide à répondre.
Pour Françoise Bétourné, un exercice d'indexation préside autant à la mise en lumière de l'implicite que de l'explicite. Elle tente donc, dans son ouvrage, de fouiller les moindres recoins des Complexes familiaux pour montrer que déjà, chez ce Lacan d'avant Lacan, sommeillait et rêvait l'immense Lacan qu'il deviendra.