Les émotions de l'art et de
l'amour sont très voisines,
il y a quelque chose du
transport, une dimension
de l'imaginaire en action.
C'est la rencontre entre une
forme et le réel, parce
qu'on est aussi dans un réel,
celui de la représentation,
qui est constituée de choses
bien précises, construites.
La représentation relève
donc aussi du calculable,
même si rien jamais ne se
répète comme nous le
savons depuis la nuit des
temps. Comment le réel
passe tout à coup dans une
forme, est saisi par elle ?
C'est peut-être ça aussi,
tomber amoureux, être
troublé par le mouvement
dans un être, sa manière
singulière d'être vivant.

Anne Longuet Marx

Sous forme d'entretiens enregistrés à
Paris, Bruxelles et Genève tout au long de
l'année 2005, cet ouvrage propose un
parcours de réflexion libre à partir du
travail scénique de Nicole Mossoux et
Patrick Bonté et de la recherche d'Anne
Longuet Marx sur la scène et la création
contemporaine.

Anne Longuet Marx travaille depuis son
premier essai (Proust, Musil. Partage
d'écritures, P.U.F., 1986) à la question du
vivant, dans un souci de croisement des
genres (littérature, théâtre, arts visuels,
musique). Elle poursuit sa réflexion sur ce
qu'elle a appelé l'invention de l'humain, à
travers des expériences tant scéniques
(comme dramaturge et metteur en scène,
traducteur et auteur) que purement
analytiques en dialogue avec des
praticiens de la scène.

Complices depuis 1985, Nicole Mossoux
et Patrick Bonté sont les créateurs de
spectacles situés aux frontières de la danse
et du théâtre. Leur recherche vise à fondre
ces deux disciplines en un seul langage,
en partant de thématiques précises qui
trouvent leur formulation dans le
mouvement. Le duo a réalisé plusieurs
films, ainsi que des performances hors des
murs des théâtres. Présentés dans une
trentaine de pays, leurs spectacles
explorent les zones troubles de la
sensibilité, dans une étrange familiarité
qui va à la rencontre de l'imaginaire du
spectateur.