Dans cet ouvrage, Charles Jameux part à la recherche des sources intellectuelles de la franc-maçonnerie spéculative en
proposant une hypothèse que l'on peut résumer ainsi : « l'art de la mémoire » comme origine de la méthode maçonnique.
« L'art de la mémoire » est une méthode mnémotechnique, enseignée depuis l'Antiquité, qui consiste à mémoriser des
lieux et des images pour permettre à un orateur prononçant un discours de se promener dans son imagination, le long
des endroits ainsi mémorisés, et de cueillir au passage les images lui rappelant les articulations de son propos.
À la Renaissance, cet outil fut utilisé par les hermétistes comme méthode d'acquisition de la connaissance par
l'utilisation d'images magiques ou talismaniques comme repères mnémoniques.
L'art de la mémoire a contribué à la transformation de la maçonnerie opérative en maçonnerie spéculative et donc à
l'apparition des symboles maçonniques utiles à la construction du temple spirituel. Disparaissant donc progressivement en
tant que tel, il se survécut sous une autre forme dans le contexte philosophique et historique de la dissociation en
Occident entre pensée conceptuelle et pensée analogique (Discours de la Méthode, 1637).
Cette recherche des sources intellectuelles de la maçonnerie spéculative met en lumière ce moment charnière qu'est
le XVIIe siècle pour l'histoire des représentations et pour l'histoire de la philosophie en Occident.