Qui est véritablement Janus Schulmeister (ou Ripberger),
alias Goodfellow, alias Goodbrother ? Un tueur mécanique
autrichien aussi froid que le canon de son Mauser ?
Un centaure satanique sorti des déserts américano-mexicains
pour semer mort et désolation dans son
sillage ? Ou l'une de ces légendes de l'Ouest, l'un de ces
mythes colportés d'un bivouac à l'autre par les garçons
vachers et les derniers Indiens à se souvenir d'une époque
encore sauvage ?
Il est apparu en tout cas dans un roman à succès, Sistac,
sous les contours à peine dessinés d'un chasseur de prime
implacable et toujours dans l'ombre. Mais il existe des
traces, des résidus, des fragments matériels qui laissent
penser que Goodbrother n'est pas qu'un personnage de
fiction.
Roman éclaté, en miettes et comme dispersé par les coups
de vent capricieux du souvenir, L'Autre est l'exploration
en forme d'inventaire d'une âme noire absolument pas
tourmentée dans un monde qui l'est beaucoup plus.
Alternant les méditations métaphysiques et le récit
d'aventures, le méticuleux travail du biographe et la
mise en scène burlesque, Charlie Galibert s'y promène
d'une plume enlevée et hilarante, dressant le portrait à la
fois minuscule et cosmique d'un monstre littéraire que
chacun, comme en mauvaise part, porte en soi : l'Autre.