
Avoir le blues, c'est entrer en résonance avec cette
musique puissante et nostalgique jaillie des champs de coton
du Tennessee. Elle exprime la tristesse, un état d'âme
mélancolique et peut-être, tout au fond, la recherche de la
note bleue, l'espoir d'un monde meilleur. Pour moi le blues,
c'est de voir démanteler le service public d'enseignement
supérieur, de le voir abandonner les valeurs qui étaient les
siennes : égalité, laïcité, tolérance, progrès, amour du
travail... J'ai le blues parce que je vois que l'on ment assez
souvent aux étudiants en leur faisant miroiter des formations
de «haut niveau» qui conduisent fréquemment à des
emplois subalternes. Le blues du prof de fac, c'est aussi le
refus d'admettre l'insupportable contradiction entre le
discours des élites et la réalité de mon quotidien, un
quotidien qui est loin de l'image du professeur d'université
qui parcourt le monde de congrès en colloques. Ce sont des
clichés d'une époque révolue. Comment des universitaires
ont-ils pu se laisser imposer la logique des gestionnaires et
des bureaucrates au point d'en devenir les thuriféraires
serviles ? Quelques éléments de réponse figurent dans cet
ouvrage qui pose aussi la dramatique question de l'étisie
culturelle de l'université. L'université est-elle encore un lieu
où l'on pense ou est-elle en train de devenir une entreprise de
formation comme une autre ?
Nous publions uniquement les avis qui respectent les conditions requises. Consultez nos conditions pour les avis.