Le chevalier inexistant
Sous les remparts de Paris, Charlemagne passe en revue les troupes de l'armée de France. Alignés, les paladins attendent d'être examinés par l'empereur. À chaque interrogation, ils soulèvent leur heaume pour répondre. Mais lorsque Charlemagne s'approche du chevalier Agilulf Edme Bertrandinet des Guildivemes, il découvre avec surprise que sous l'armure blanche au plumail iridescent, il n'y a personne. Le chevalier n'existe pas. Dépourvu de corps, certes, mais débordant de principes inamovibles ; tout l'inverse de son écuyer Gourdoulou, dont le corps est bien réel, mais l'esprit qui l'anime complètement dénué de conscience. Entre ces deux pôles opposés, d'autres personnages se cherchent et s'enfuient: Raimbault, jeune intrépide ; Bradamante, fière amazone ; Torrismond, douteur inquiet. Tous en proie au même questionnement et au même conflit concernant le sens de l'existence.
Paru en 1959, Le chevalier inexistant clôt - du moins dans l'ordre de parution - le cycle Nos ancêtres, qui comprend également Le vicomte pourfendu et Le baron perché. Dans une note introductive à la trilogie regroupée par l'auteur en 1960, Calvino nous apprend que ce roman peut occuper tant la première que la dernière place du cycle, servir tant d'introduction que d'épilogue. Cela est compréhensible dans la mesure où Le chevalier inexistant aborde la question de la réalisation humaine soulevée par la trilogie à travers un problème qui n'est pas seulement d'ordre existentiel mais aussi d'ordre métaphysique: que signifie être ?