
Anniviers signifierait chemins ou travaux de l'année, voire l'année sur
les chemins. Son nomadisme pastoral, de la montagne à la ville, est fondé sur
l'économie aussi bien que sur le mythe indigène du paradis perdu : la condition
humaine consiste, pour les vivants et les morts, en une incessante marche
jusqu'à la libération finale. La forme la plus accomplie de ce déménagement
continuel est la procession.
Par le mythe citadin et importé du paradis retrouvé, la montagne est entrée
dans la société suisse et touristique : nous, montagnards, nous nous sommes
sédentarisés. Mais le curé, le promoteur, la vache, la femme et le président ont
gardé pour nous, à leur manière, les secrets du chemin, et redéfini la «voie
anniviarde».
Alors que les Alpes sont l'otage d'un marché mondialisé, se pose la question
de notre résistance culturelle. Comme grand chantier du 21e siècle, Anniviers
pourrait ouvrir un chemin de procession, de la plaine jusqu'au-delà des
cols d'où nous est venue une civilisation métisse. Nous trouverions ainsi la
synthèse entre une nouvelle modernité de mouvement, d'environnement,
et la mémoire de notre mythe fondateur. Revenons à nos sources païennes
et chrétiennes : la procession sera un nouvel art de vivre et de mourir pour
marcher, prier, boire et manger - entre le sacré, le rire et la farce.
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