Le duel, rituel destiné à laver par les armes un honneur
entaché par l'insulte, la calomnie ou l'infidélité,
n'a pas disparu avec l'aristocratie d'Ancien
Régime. En dépit de la devise républicaine, et
aussi de l'instauration d'une justice plus équitable
et plus efficace, militaires, parlementaires, journalistes,
écrivains et artistes n'ont pas cessé de s'affronter,
jusqu'à la Grande Guerre, au pistolet ou
à l'épée, pour un regard de travers ou une phrase
jugée offensante. Bugeaud, Déroulède, Clemenceau
furent ainsi, parmi beaucoup d'autres, des
bretteurs susceptibles et redoutés.
En mettant en scène et en éclairant des épisodes
dramatiques ou ridicules, sanglants ou dérisoires,
Jean-Noël Jeanneney s'interroge sur la pérennité
d'une tradition que les Français ont portée jusqu'à
la passion.