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Vincent Kale, présentateur télé charismatique, s’est empâté. Et la surcharge pondérale qui l’affecte n’a rien du détail anodin, si l’on prend en compte le fait que l’homme, naturopathe en vogue, était à l’écran le « gourou hexagonal du manger-sain ». Viré de son job, il entend parler d’un stage de jeûne hydrique en montagne. Perdre du poids en ne mangeant rien pendant une semaine ou plus et en marchant dans la nature, pourquoi pas ? Décidé à tenter l’expérience qu’il espère salutaire, le narrateur gagne donc tant bien que mal le désert de Platé, près de Chamonix. Là, l’attend Alexandre Revel, l’associé de Monsieur Gardo, le naturopathe responsable du stage momentanément absent. D’emblée, Vincent Kale décèle chez Revel un « fort pouvoir empathique qui lui permet (…) de manipuler ses interlocuteurs ». L’observation lui traverse l’esprit, mais il ne s’y attarde guère, trop occupé qu’il est à faire la connaissance de ses futurs compagnons de jeûne, lesquels sont, il faut le dire, hauts en couleurs. Il y a Bianca, la bombe anorexique, Jacqueline, la rousse boulotte à l’accent de Marseille, Guillaume, le moine bénédictin aux allures de surfeur, mais aussi les deux sœurs Bénédicte et Patricia, et Guérnica « mémée squelettique ridée comme un sharpeï et adolescente attardée ». Sans oublier l’extravagante Alicia, compagne en titre d’Alexandre Revel. Bientôt, la petite troupe s’ébranle et les conditions de stage s’avèrent rudes : pas de portables, pas de retour au gîte à la nuit tombée. Et ce serait finalement un moindre mal si Vincent, jugé coupable d’insolence envers le chef de meute, ne se prenait un coup de poing dans le nez, avant de se voir menacé d’un pistolet. Alors le jeûne tourne à la « mortelle randonnée ». car les stagiaires comprennent que le couple de meneurs, Alexandre et Alicia, sont en réalité des fous dangereux échappés de l’asile. Dès lors, un placide trekkeur qui a le malheur de croiser leur chemin est abattu par balles par Revel, lequel viole ensuite Bianca. Jacky survit à un coup de lourde pierre en pleine figure et le moine, contraint et forcé de se livrer au péché de luxure, déflore la vieille Guérnica. Puis c’est Pat qui meurt de froid, sous le regard torve de ses compagnons d’infortune, rendus hagards par la terreur et la faim. Voilà déjà une trentaine de jours que la colonne de prisonniers encordés les uns aux autres s’essouffle sur la cime des montagnes et Alexandre Revel persiste avec jubilation à jouer avec leurs nerfs. Le narrateur, frondeur comme toujours, s’efforce d’empoisonner le couple de bourreaux avec des champignons, mais la malchance n’ayant pas dit son dernier mot, c’est Jacqueline qui meurt dans des convulsions atroces. Chacun pète un peu les plombs, Guillaume vire au mysticisme fanatique, Vincent n’a de cesse de dévorer un escargot vivant, coquille et tout. Alors que la raison du groupe vacille, les éléments séditieux donnent l’occasion au héros de pousser les deux tortionnaires dans le vide. Mais comme dans une scène de film d’horreur, ceux-ci contre attaquent, plus vindicatifs que jamais. In extremis, les « stagiaires » survivants sont secourus par des policiers slovènes eux-mêmes décimés par les balles des psychopathes et le « marche ou crève » prend fin.