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Si les tragicomédies sont des histoires terribles qui finissent bien, « le jour où Descartes s’est enrhumé » serait une...comitragédie : comme un éternuement risible qui conduirait à la pleurésie. C’est dans cet esprit que Jean-Marc Chotteau a écrit et mis en scène l’épilogue à la fois dramatique et dérisoire de la vie de Descartes : ses derniers jours auprès de la jeune Reine Christine de Suède, dans la Bibliothèque glaciale du château de Stockholm, lors de curieux rendez-vous à cinq heures du matin. Tout en s’appuyant sur la vérité de l’histoire, Jean-Marc Chotteau veut faire de ces rendez-vous de l’aube une fable sur les rapports ambigus des intellectuels et du pouvoir, dans une confrontation quasi romanesque, souvent drôle, parfois tendre ou orageuse, et de toute façon éminemment théâtrale, de deux personnages hors du commun. Ce face-à-face impossible d’un philosophe et d’une princesse est de ceux qui, comme dans les tragédies, précipitent mystérieusement les destinées : avant que Christine ne renonce au trône et ne se convertisse, Descartes, enrhumé dès le premier jour, et se sentant de plus en plus exilé dans « ce pays de rochers et de glace », n’aura pas survécu à l’implacable hiver suédois, dont il pressentait qu’il pouvait « geler les pensées comme les fleuves... »