En ce début de siècle où tant d'illusions
s'écroulent, où tant de menaces rôdent, la
circulation des livres est peut-être un des rares
espoirs de progrès qui demeurent. Ni don
Quichotte ni Montaigne ni le lecteur de Calvino
installé dans son confort ne sont nécessairement
des exemples à suivre, mais la «lecture», telle
qu'elle apparaît aujourd'hui, n'est précisément
plus l'apanage de figures individuelles. Le
meilleur antidote à ce qu'elle représente encore
aux yeux de certains - un sage et prudent
repliement sur soi, une séduisante mise à l'abri -
est justement dans l'extension de son champ
public. Avec tout ce que cela comporte d'échange
et de dialogue.
Raymond Jean