Le monde cheminot s'est constitué à Périgueux en 1857 avec l'ouverture
de la ligne de chemin de fer venant de Coutras. L'implantation,
dans la plaine marécageuse du Toulon, des ateliers de réparation des
machines à vapeur et des voitures de la Compagnie du Paris-Orléans
(PO), scellera le destin industriel de la ville. Les hommes du chemin de
fer renvoient l'image d'une communauté. Mais depuis le milieu des
années 1960, cette communauté s'est décomposée sous l'effet des
mutations du travail et de la transformation des modes de vie : perte
d'identité ouvrière d'abord mais aussi disparition d'un monde, celui de
la «grande famille», du centre d'apprentissage, du club sportif, du
quartier. Cette transformation annonce, de manière plus pessimiste, la
diminution du nombre d'agents du chemin de fer et leur éventuelle
disparition. La fin du monde cheminot baigne alors dans la nostalgie
d'un âge d'or, mais a-t-il jamais existé ?