Le palimpseste du silence ou le silence des Dieux
Changer de peau. Exhumer le vrai moi sous les apparences que voient les autres, laisser s'écouler le fluide vital qu'endigue la peau, afin que tous le voient. Le serpent doit faire sa mue pour survivre en plein désert, l'orange (ou la clémentine...) doit être pelée pour que s'en exhale le parfum. Pour cela, et quand il s'agit de soi, la plume s'avère être efficace et les mots aident à parfaire même les Dieux.
La poésie est d'abord un souffle : elle est l'invention d'une voix et même, je crois, l'invention d'un corps. Une nouvelle identité : changer de peau, c'est à cela que sert l'écriture. La poésie est efficace en cela qu'elle joue sur le souffle, les poumons, la voix, la glotte, les fibres, les nerfs, le coeur, non le coeur « siège des émotions » mais le coeur dépositaire des rythmes. Il y a le corps que perçoivent les autres et le corps qui s'invente par les mots. Yazidou Maandhui excite habilement les sons pour éplucher le silence, le mettre à nu et en dégager les voiles de l'identité.