Lui, c'est l'exécré. L'homme aux culottes blanches, à la saharienne blanche, au casque blanc, aux longues chaussettes, aux sandales
blanches. L'homme à la peau tannée, aux cheveux noirs collés en arrière, à l'âme pourrie. Lui, il parle rudement aux nègres, dressé devant eux
dans sa morgue immaculée, il montre les caisses, les camions du bout de sa cravache, cette cravache de cuir noirci qu'il ne quitte jamais, dont il
caresse ses mollets gainés de fil, dont il cingle parfois un bras, une épaule, des reins. Lui, il pourchasse les serpents sur les pistes, les beaux serpents
marbrés de vert et de jaune. Il fait zigzaguer sa jeep, il écrase ces bêtes trop lentes, ça le met en joie, ça le fait rire. Quand le nuage de poussière
rouge soulevé par les roues chassant est retombé, il n'y a plus qu'une bouillie de chairs livides, des lambeaux sanglants incrustés dans l'argile. Lui.
L'homme qui couche dans le lit de Maman. Celui que je n'appelle pas mon père. Elle, c'est Maman. Maman aux doux cheveux blonds, aux joues (...)