Plus que tout autre genre littéraire, le texte théâtral a été, aux XVIe
et XVIIe siècles, au centre des polémiques les plus virulentes,
aussi bien en France, en Espagne ou en Italie, pays dans lesquels
l'apparition de formes non canoniques, comme la pastorale ou
la tragicomédie, puis, en Italie, l'opéra, s'accompagne d'une
défense et illustration du métier de comédien, encouragée par
l'émergence des théâtres commerciaux. Si les textes théoriques
dressent un état des lieux instructif sur la pratique et la théorie du
théâtre de l'époque (tragédie, comédie, tragi-comédie, drames
en musique), les paratextes des pièces elles-mêmes présentent
d'intéressantes remarques méta-poétiques mettant en évidence
une résistance du théâtre face aux différentes figures de l'autorité,
littéraire (la Poétique d'Aristote), religieuse (l'opposition des
Jésuites et les préceptes coercitifs de la Contre-Réforme), ou
politique (la figure du Prince et l'usage de la censure). C'est sous
cet angle conflictuel de la résistance et de la soumission que
le colloque de Saint-Étienne se propose d'étudier les différents
objets paratextuels (préfaces, adresses au lecteur, dédicaces, voire
prologues) qui souvent mieux que n'importe quel traité, illustrent
les nombreuses querelles qui ont ponctué l'activité théâtrale de
ces trois pays. Le paratexte supplée-t-il la production d'ouvrages
critiques ? S'élabore-t-il une poétique spécifique et cohérente ou
bien est-elle empirique et tributaire des différents contextes de
représentation ? Enfin, par delà les pays, les genres et les auteurs,
ces textes entrent-ils en résonance entre eux pour dessiner un
modèle théorique innovant à une époque où le théâtre s'invente
et se réinvente ?