Dans le bureau étroit d'une maison d'édition, un jeune poète
affronte un éditeur qui résiste à le publier. Leur dialogue prend
la forme d'un débat sur le rôle de l'écriture poétique, son
statut et son écho dans la société contemporaine. Le conflit de
l'utilitaire et de l'imaginaire, de la raison matérielle et du rêve,
conflit éternel et universel, s'incarne ici dans un langage brut et
parfois violent.
La question du refus possède une résonance existentielle :
elle concerne tous les hommes dont la langue personnelle est
étouffée et niée par l'ordre social. Le poète reflète en ce sens une
figure de la parole exclue, réduite aux marges de l'expression
par un système culturel soumis aux lois de la rentabilité et
du profit rapide. Le meurtre qui conclut cette pièce souligne
l'intensité d'un tel conflit ainsi que la puissance de révolte et
de contradiction radicale inhérente à toute expression poétique
authentique et originale.