
Le concept de financiarisation fait référence au rôle
croissant des intermédiaires et des marchés financiers
dans la transformation des institutions, des comportements
et des objectifs des acteurs économiques
(ménages, entreprises, institutions financières, État).
Dans cet ouvrage, nous montrons que la financiarisation,
en promouvant une norme de rentabilité accrue, a
élevé significativement le coût du capital pour les entreprises.
L'emprise croissante de la finance sur l'entreprise
est appréhendée ici à travers la définition de la notion
de «surcoût du capital», notion à laquelle nous associons
une mesure dont nous suivons l'évolution des
années soixante à nos jours. C'est au niveau du comportement
d'investissement et de marge des firmes que
se situe le point d'application directe du renforcement
des exigences de rentabilité financière. Les effets sur la
croissance et l'emploi sont quant à eux de deux ordres.
L'augmentation du poids de la rente financière se traduit
d'abord par une augmentation de la part des revenus
financiers a priori défavorable à la consommation. Le
principal effet dommageable de l'emprise accrue de la
finance sur l'entreprise est cependant constitué par le
ralentissement de l'accumulation du capital. Ce second
«dégât collatéral» est lui-même double : moins d'investissement
c'est d'abord moins de compétitivité et de
croissance du pouvoir d'achat (effet-production), mais
c'est aussi moins d'emploi (effet-demande). La période
dite des «Trente piteuses» peut ainsi s'interpréter
comme un nouvel épisode de la lutte entre la propriété
et l'activité qui a animé toute l'histoire du capitalisme
jusqu'à nos jours.
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