Robert Lebel (1901-1986) fut tout à la fois critique d'art, poète, essayiste
et expert en peinture ancienne. Exégète de Marcel Duchamp dont il a
écrit la première monographie, ayant aiguisé son regard sur l'art au
contact de ses amis Robert Desnos, André Breton et Max Ernst, il importait
de mesurer la part prise par le surréalisme dans sa vie et plus
précisément dans ses productions critiques et théoriques. Ce recueil
parcourt donc le spectre des intérêts et des engagements surréalistes
de Robert Lebel. On s'aperçoit rapidement à sa lecture qu'il est proprement
impossible de les caractériser d'une manière simple ou univoque,
puisque l'auteur apparaît tour à tour dans ces pages comme un adepte,
un témoin ou un subtil analyste du mouvement. On vérifie aussi que,
promenant son «oeil hyperlucide», comme a pu l'écrire André Breton,
pour explorer, de Matta à Isabelle Waldberg, de Tanguy à Ernst, le surréalisme
dans sa grande diversité, il aura su affirmer ses passions dans
une écriture à la fois somptueusement classique et libre. Finalement, si
Robert Lebel nous aide à mieux saisir cette tendance artistique majeure
du XXe siècle, c'est parce qu'il a été soucieux de répondre, tout au long
de son existence, à une question qui lui a un jour été posée et qu'il nous
incite aujourd'hui à prendre à nouveau en charge : «Où en sommes-nous
avec le surréalisme ?»
Jérôme Duwa