Par les quatre merveilles de Toulouse1, par la
beauté de ses clochers et la jeunesse de ses jardins ;
par les comtes Raymond Bertrand, Pons et Taillefer
qui dorment dans les trois tombeaux de pierre
de Saint-Sernin, mais se réveillent, dit-on, chaque
nuit et marchent en devisant autour de la basilique ;
par la sagesse des huit capitouls, par le souvenir
des chevaliers hospitaliers pleins de courage, par
la présence des saints hommes, ceux qu'on révère
dans les églises et ceux qu'on a nommés hérétiques
et furent brûlés en place Saint-Georges ;
par la Garonne bleuâtre fille de la montagne
d'Aran, par son chant et par ses galets ;
par Clémence Isaure, la virginale et la protectrice,
par Pierre Goudoulin aux beaux chants, par
l'hôtel d'Assésat aux belles sculptures ;
par la mélancolie des cloîtres, la courbe des
ponts, la porte des léproseries ;
par la pureté, par la résignation, par la solitude,
moi, Michel de Bramevaque, je déclare n'écrire
que des choses véridiques dans la délectation du
verbe et l'amour des belles pensées. Ayant accompli
des actions qui parurent insensées aux hommes, je
me contente maintenant de regarder le soleil se
coucher en élevant mon âme vers le monde inconnaissable.
(1) A la fin du XVIe siècle, les quatre merveilles de Toulouse
étalent pour les habitants du Languedoc, l'église Saint-Sernin,
la belle Paule de Viguier, le moulin de Bazacle et le violoniste
Mathali.