Le voyeur et le voyant
Je ne suis qu'un homme en forêt, quand, à ma fenêtre parisienne, mon affût est celui d'une bête observant de vrais hommes. Dans un cas comme dans l'autre, l'archaïsme des soucis qui y sont remués est celui d'une obsession religieuse. Cette obsession de l'origine que met en toute chose celui qui s'est détourné du terrible, de l'asocial monothéisme. Celui-ci prétend figer le langage (c'est un grammairien) substituer le langage à l'origine, comme si le langage n'avait d'origine que lui-même.
Les Écritures nous ont dépossédés de nos mythologies. Les mythes sont le langage de l'origine, l'écrit est celui du partage d'un butin, celui de l'Histoire. Écrire dans cette conscience est restituer ce qui peut l'être du butin. C'est ce que véhiculent ces deux constats intimistes que je livre ici à la suite l'un de l'autre. Le voyeur, comme le voyant, n'est jamais que sous le coup de son désir de voir au-delà du visible qui réduit l'Occident à une cruelle et confortable fatalité.