Montée de la violence et des incivilités, individualisme triomphant, affaiblissement du lien social et des solidarités: ces périls amènent l'école à renouer avec sa vocation première, rendre possible la démocratie et d'abord une vie pacifique en société.

Est-il raisonnable de demander à l'école d'être plus vertueuse que la société? Ce livre se défie des espoirs magiques investis dans une institution qui n'est pas au-dessus de la mêlée et ne peut, à elle seule, nous sauver de nos contradictions.

Il serait plus fou encore de lui demander de relever ce défi sans lui donner les moyens d'une éducation à la citoyenneté digne de ce nom:

un fonctionnement institutionnel qui prépare à la décision et à la négociation par leur pratique dans le champ scolaire; un établissement n'est pas une démocratie à part entière, mais on peut y créer les conditions d'une expérience de l'action et de la responsabilité collectives;

un travail sur les valeurs fondamentales - égalité, solidarité, justice, diversité, liberté, identité terrienne - bien au-delà des traditionnelles leçons de morale ou d'instruction civique; une éducation à la citoyenneté fondée sur un effort de lucidité, de décentration, de pensée critique;

une formation en sciences sociales permettant de comprendre les rapports de force, les idéologies et les tactiques de pouvoir qui mènent le monde;

une initiation à la culture du débat et du respect de la diversité des opinions, à inscrire au coeur même des disciplines et du rapport au savoir.

L'éducation à la citoyenneté n'a de chance d'avoir des effets que si elle est l'affaire de tous et si elle traverse toutes les disciplines et tous les moments de la vie collective. La prendre au sérieux, c'est donc dépasser les pieuses intentions et les discours incantatoires, c'est transformer profondément les programmes, les attitudes et les pratiques!

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