L'écologie, un luxe réservé aux pays riches ? Rien de plus faux, explique Joan
Martínez Alier, qui prouve à travers ce livre que justice sociale et préservation
de l'environnement, loin de se concurrencer, vont de pair.
À rebours de la croyance selon laquelle il faudrait avoir atteint un certain
niveau de confort pour se «permettre» d'être écologiste, l'auteur montre
qu'il s'agit souvent d'une question de vie ou de mort pour les plus démunis.
Ainsi, tout comme il existe un écologisme de l'abondance (le tri sélectif ne
peut s'inventer que dans des endroits où les poubelles débordent !), il existe
partout dans le monde un écologisme des pauvres. Car non seulement les
pauvres dépendent étroitement de leur environnement pour survivre, mais
c'est aussi vers eux que sont transférées les activités les plus polluantes.
Dans ce livre devenu un classique de l'écologie politique, Joan Martínez Alier
s'interroge sur les calculs possibles pour déterminer un prix «écologiquement
correct» intégrant les dégâts environnementaux et sociaux. Mais, bien audelà,
il insiste sur l'incommensurabilité des valeurs : quel prix donner à une
vie humaine ? Quel prix pour une terre «sacrée» détruite par une mine de
cuivre, ou pour une communauté entière exposée à des déchets toxiques ?
Aujourd'hui, petit à petit, la notion de justice environnementale fait son
chemin. L'idée de dette écologique également : ceux qui utilisent le moins
de ressources ne seraient-ils pas les créanciers de ceux qui les gaspillent ?
Autrement dit, les riches n'auraient-ils pas une dette écologique envers les
pauvres ?