En promulguant l'acte d'émancipation des serfs en 1861, le tzar Alexandre II traduisait une volonté ferme de moderniser les structures sociales et politiques de l'Empire pour se rapprocher d'une « Europe européenne ». Mais c'était sans en mesurer pleinement les conséquences, étonnement contradictoires. À court terme, la condition paysanne fut aggravée car l'émancipation ne portait pas sur la propriété des terres. Mais à long terme, à côté d'une minorité prospère, s'est constitué un prolétariat paysan, nourri par un essor démographique sans précédent. À la recherche de nouvelles terres, ce prolétariat n'eut d'autre choix que le chemin de l'exode rural. Ainsi, participa-t-il aux bases d'une Russie moderne, peuplant les contrées les plus reculées de la Sibérie et nourrissant à la sueur de son front les bassins industriels russes jusqu'à la Première Guerre mondiale.
Au travers d'archives et d'écrits littéraires comme ceux de Tolstoï, ce livre nous invite à découvrir cette formidable révolution politique, économique et sociale.