Le corps humilié, c'est aussi le corps confisqué.
Ce territoire dont nous sommes dépossédés,
seuls des spécialistes peuvent le déchiffrer.
A l'exception du plaisir et de la douleur, nos sensations
extrêmes, nous entretenons une relation d'indifférence
avec ce qui nous est le plus intime.
Le corps occidental, décrit dans les manuels d'anatomie
et de physiologie, n'a rien à voir avec ce que nous
ressentons véritablement. L'Ecole, cette distribution-dispersion
horizontale de savoirs multiples, présente
étrangement une case vide : on y apprend beaucoup
de choses à l'exception d'un minimum d'informations
qui permettrait à chacun une reconnaissance précoce
de troubles éventuels. Nous ne résoudrons jamais nos
déficits économiques liés à la gestion de la maladie, si
nous ne parvenons pas à concevoir une prévention
authentique qui implique une double capacité : celle
de se réapproprier des droits inaliénables à une expérience
corporelle véritable et la propriété individuelle
de moyens d'agir pour prévenir ou traiter les fêlures
organiques que nous sommes le mieux placés pour
observer dès leur apparition.