On a souvent répété, à la suite d'Olivier Messiaen
lui-même, que sa mère Cécile Sauvage avait, en écrivant
L'Ame en bourgeon, déterminé sa vocation d'artiste et de
musicien. Tout n'était pas dit pour autant et la découverte
récente de manuscrits longtemps cachés a révélé quel
drame intime avait précipité la mélancolie puis la mort
de cette femme bien différente de l'image convenue qui
nous en est restée. Devant le malheur de sa mère, l'enfant
impuissant aurait alors exploité ses dons musicaux hors
du commun comme l'opportunité d'instaurer une relation
soustraite à l'inavouable, aussi intense que les mots.
L'enfermement dans la douleur et le mutisme aurait ainsi
trouvé remède dans une musique tissée de silence.