Malaparte, écrivain fasciste italien, imbu de civilisation latine, considère avec une aversion
profonde, tout ce qui est teutonique : de la germanité ancestrale est issu le national-socialisme
avec un atavisme sauvage.
L'engagement politique de Benedetto Croce, d'Italo Calvino, l'arrestation de Carlo
Lévi, celle de Leone Ginzburg, attestent, s'il en était besoin, d'une opposition au régime
fasciste et de l'existence d'une Résistance italienne, peu connue.
Au cours des intenses persécutions de 1942, Elsa Morante et Alberto Moravia quittent
Rome pour se réfugier dans les régions montagneuses. Sur ces chemins de terre pierreuse,
l'homme en costume trois-pièces, la jeune femme élégante en robe de cretonne à fleurs et
chaussures de ville, accompagnés de l'âne acheté pour y fixer leurs valises, pourraient-ils
passer inaperçus ?
Carlo Lévi évoque son séjour forcé dans la région isolée des Pouilles, région desséchée
où le printemps n'amène ni fleurs ni fruits. Il découvre un monde de misère où les hommes
n'ont d'autre choix que l'exil ou devenir brigands, de villageois au caractère simple qui,
avec des communiqués officiels peu clairs ne comprennent rien à la guerre, ne savent plus
si les Allemands sont alliés ou ennemis, les Américains envahisseurs ou libérateurs.
En donnant la parole aux paysans, aux ouvriers, un petit groupe d'écrivains parmi
lesquels Carlo Lévi, Alberto Moravia, Elio Vittorini, Ignazio Silone, donne le coup d'envoi
au néo-réalisme. Ce mouvement fait rayonner la Cisalpine à travers le monde, inspire les
cinéastes qui vont sceller dans les mémoires le délabrement de cette population laissée à
l'abandon : un enfant cireur de chaussures un voleur de bicyclette, un filou lamentable,
un jeune désoeuvré, un dévot soumis au curé de village, nous disent : voilà dans quel état
les fascistes ont laissé le pays.