Les écrivains espagnols au crépuscule de la République
1936-1939
A las cinco de la tarde
Des quatre Grands d'Espagne en poésie, seul Rafael Alberti trouve en Argentine, son salut dans l'exil. Miguel Hernandez erre vainement à travers le territoire à la recherche d'un abri et meurt dans les prisons franquistes à l'âge de 32 ans.
A Collioure, Antonio Machado renonce à la vie sitôt passées les Pyrénées. Frédérico Garcia Lorca disparaît, assassiné à l'âge de 34 ans, lui qui maniait la plume avec une rare aisance sans avoir pu, un soir maudit, s'en servir pour se défendre, sans avoir pu s'en servir pour son ultime engagement.
L'élan de solidarité apporté à la cause républicaine espagnole par les intellectuels des pays démocrates est sans précédent. Leur but n'est pas le combat par l'écriture mais le combat par les armes même si, écriture oblige, plusieurs chefs-d'oeuvre voient le jour.
Comme souvent sous les dictatures, les hommes de plume ralliés à ces régimes, enserrés dans leur idéologie, se comptent moins nombreux et moins talentueux que ceux qui les combattent. Les écrivains fascistes espagnols n'échappent pas à cette règle.
Le jour où cessèrent les combats, ce 1er avril 1939, le temps s'emballa chez les nationalistes qui poursuivirent leur course à la mort des hommes et de leurs droits.
Tandis que dans le camp opposé, pour tout un peuple sans liberté, le temps resta suspendu ; à las cinco de la tarde, les horloges du pays s'arrêtèrent... une longue nuit de trente-six années.